mardi 27 août 2013

L'avenir fou fou fou de la bionique


  • 3000 ans avant JC en Egypte : une prothèse en bois destinée à remplacer un orteil manquant. 
  • XVIe siècle : le français AMBROISE PARÉ réalise une prothèse de main à doigts articulés et une jambe qui se bloque en station debout 
  • 1861-65 Guerre civile américaine : 60 000 amputations 
  • 1ère guerre mondiale : 75 000 amputations rien que pour l'Allemagne

Les progrès en matière de prothèse sont spectaculaires après tous les conflits. Après la 2e Guerre mondiale, on a développé des plastiques et utilisé le titane. Les conflits au Proche-rient ne font pas exception à la règle.

Le suisse BERTOLT MEYER, aujourd'hui enseignant à l'Université de Zurich, est né avec un embryon d'avant-bras gauche. Il est aujourd'hui appareillé d'un bras bionique dont l'extérieur en silicone transparent laisse deviner l'extraordinaire technologie qui l'a rendu possible. Fini la main inerte ou le bras attaché à un harnais inconfortable. Son nouveau bras est 100% fonctionnel : à vrai dire, on dirait celui de NINA SHARP dans FRINGE.


Un moteur active chacun des doigts et grâce aux électrodes implantées dans ce module, ils répondent aux stimuli musculaires. MEYER peut aussi tourner la main à 360°, ce qui n'a plus rien d'humain....

TOUCH BIONICS l'appelle le i-limb (i-membre). Ce n'est pas un truc de marketing. Les microprocesseurs sont plus efficaces, les batteries plus puissantes et plus petites, le logiciel dernier cri. Cette technologie ouvre des perspectives inouïes en chirurgie puisqu'elle permettra, outre des membres, de fabriquer des organes synthétiques comme la rate, le pancréas ou même les poumons. À l'état de prototype, un implant permettrait en théorie à un quadriplégique de recouvrer sa mobilité grâce à des membre synthétiques.

Passionné de robotique, MEYER s'est lancé dans un projet personnel ambitieux. Rassemblant des prothèses dans le monde entier, il a décidé de construire son Homme Bionique. Dépourvu de système nerveux central, il est commandé via une interface informatique et équipé de relais bluetooth. Cerise sur le gâteau, il possède le visage de son "créateur".

Même si on est loin des transformations subies par le héros de GLISSEMENT DE TEMPS SUR MARS de PHILIP K. DICK, les progrès sont tels que déjà théologiens, spécialistes de la bioéthique et autres penseurs réfléchissent à un problème crucial : jusqu'à quel pourcentage de remplacement demeure-t-on humain ? D'autant que ces pièces détachées sont tout à fait susceptibles de transformer le patient en un surhomme qui percevrait plus de sons, plus de couleurs, aurait plus de force et pourquoi pas davantage d'empathie.

Nous n'en sommes pas encore là même si HUGO TERR du MIT (lui-même amputé des deux jambes, il a dessiné la demi douzaine de prothèses qu'il utilise suivant ses besoins) estime que d'ici la fin du 21e siècle, les problèmes de handicap seront définitivement derrière nous. Gardons à l'esprit qu'il parle des pays "développés" et que nous n'aurons pas d'ici là réussi à éliminer toute vie sur Terre. Détenteur de plus d'une douzaine de brevets innovants, il a mis au point pour sa société iWALK, une cheville entièrement articulée révolutionnaire destiné aux amputés sous le genou, la BiOM.


La prochaine étape serait d'intégrer ses prothèses dans l'os avec des tiges de titane. Une idée partagée par MICHAEL McLOUGHLIN du Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory et mise en œuvre avec le Membre Modulaire Prothétique [Modular Prosthetic Limb MPL] dont les 26 articulations fonctionnent grâce à 17 moteurs indépendants.

Le but ultime serait évidemment de relier le système nerveux à ces prothèses. Un pas qu'ont franchi [sans jeu de mot] les chercheurs de Brown en implantant une interface de la taille d'un cachet d'aspirine dans le cortex d'une quadraplégique. Reliée à 96 électrodes capables de déchiffrer les impulsions électriques du cerveau, cette sonde permet à CATHY HUTCHINSON de faire bouger son bras robotique en imaginant le mouvement.

Il faudrait maintenant pouvoir réaliser la même chose sans fil ce qui permettrait de s'intéresser aux membres inférieurs tout en éliminant les risques d'infection. Car la gageure ultime reste les défenses immunitaires. JOAN TAYLOR de De Montfort University en Angleterre est en train de développer un pancréas artificiel qui ne contient ni batterie, ni fil, ni parties mobiles. Une couche de gel qui réagit suivant les besoins en insuline entoure le réservoir qui débouche dans l'épiderme sur des cathéters.

Reste aussi le problème du sang. Quand il rencontre un corps étranger, il a une fâcheuse tendance à coaguler. Ce problème crucial freine le développement de membres synthétiques puisqu'ils doivent respecter la circulation du sang. Problème en partie réglé par SynCardia Systems et son cœur artificiel qui permet aux patients de vivre chez eux dans l'attente d'une greffe.

La science ne résoudra ces problèmes que si le financement des projets est acquis. "Ce n'est pas comme investir dans Google ou facebook," explique McLOUGHLIN. "Il s'agit de produits de niche. Ce n'est pas un investissement rentable." Moins il y a de conflits, moins les gouvernements participent à cet investissement. Pourtant les prothèses de mauvaise qualité creusent le trou de la sécurité sociale en provoquant arthrite, obésité, problèmes cardiaques. Sans compter que la première cause d'amputation aux États-Unis n'est pas due à la guerre mais au diabète.


SOURCE : SMITHSONIAN

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