mardi 11 février 2014

Critique de Perception (épisode 1.10) : Le dernier romantique


Cette semaine, PERCEPTION abordait un sujet passionnant, celui des enfants augmentés. Après le héros cyborg et les androïdes, la panoplie futuriste s'agrandissait avec des "augments", les chromes. STAR TREK INTO DARKNESS (autre production de BAD ROBOT avec Karl Urban au générique) et le retour de KHAN, un autre être humain génétiquement modifié, auront-ils inspiré cet épisode ? Mystère. Parce que le plus gros problème de l'épisode n'est pas là.

D'emblée, on remarque que la continuité et le développement des personnages pâtissent encore une fois de la décision de la chaîne de programmer les épisodes dans un ordre qui semble, avec le recul, de plus en plus aléatoire. Ainsi le Mur qui était l'énorme question laissée en suspens la semaine dernière n'est pas mentionné. Seul point important à retenir, les trois derniers épisodes seront bien diffusés dans l'ordre ! Joie et bonheur...

Ce grand retour en arrière qui nous oblige à revenir à la relation tendue de Kennex et son équipier androïde est particulièrement agaçant. Kennex continue d'ailleurs ses visites chez le recollectionniste et il a toujours des flashbacks. Quoi ?! Sans compter des répliques qui ne collent pas du tout avec les personnages tels qu'ils ont été établi dans les neuf premiers épisodes. Par exemple, Kennex appelle son androïde D, c'est juste ridicule. Tout comme l'est de se rendre compte que la détective Valerie Stahl avait au départ pour vocation d'occuper un rôle plus important. Bref, il y a de quoi être frustré.


Que Stahl soit génétiquement modifiée n'est pas une découverte en soi. Le détective Richard Paul avait vendu la mèche dans le huitième épisode YOU ARE HERE.
"Ouais, c'est clair, je n'ai pas pu être plus grand ou plus beau. Mes parents n'avaient pas la thune."
"Même s'il l'avait eu, tu ne serais rien de plus que plus grand connard."
"Yeah, well, my parents didn't have the money to make me taller. Or pretty."
"Even if you were genetically enhanced, Richard, you would only be a taller jerk."
Cet épisode qui aurait dû lui être consacré, s'éparpille au final sur tous les autres personnages (le capitaine a même droit à une scène inutile avec Kennex devant un verre de bourbon) et on n'apprend jamais si quelqu'un d'autre que Maldonado est au courant. Le sujet n'est tout simplement pas évoqué.

Plus gênant, le manque de construction de l'ensemble. C'est d'autant plus dommage que les effets spéciaux sont d'enfer et la séquence d'intro absolument magique. Le scénario de Sarah Goldfinger en fait trop et pas assez. Trop, parce qu'elle a beaucoup de choses à dire mais qu'elle n'a pas de méthode. Pas assez, parce que le résultat, c'est que les personnages s'agitent dans différents lieux sans grande cohérence. Certes, on obtient un maximum d'infos mythologiques, mais au prix de dialogues guindés et souvent peu crédibles et de scènes bouche-trou. Le manque de subtilité du parallèle entre Kennex et la mère de Lila ne m'a pas surpris non plus, c'est déjà ce que je reprochais à FRINGE.


Dieu merci, la réalisation inspirée de Mimi Leder et un montage dynamique, souligné par l'excellent score de The Crystal Method, font passer la pilule sans encombre. J'avoue même avoir regardé l'épisode avec beaucoup de plaisir en dépit de ses défauts manifestes. Mais ce qui aurait pu être acceptable pour un quatrième épisode ne l'est plus pour un dixième. En tant qu'ultra fan de la série, je suis globalement ravie. Je ne suis pas certaine que le grand public partage mon enthousiasme ou qu'il ait seulement compris ce qu'il était en train de regarder.

Je comprends que  J.H. Wyman ne puisse pas faire part publiquement de sa frustration, mais on voit ici clairement la direction qu'il avait l'intention de donner à la série. Le pilote autant que PERCEPTION se concentrent sur un univers très différent du nôtre tout en abordant des sujets de fond qui laissent moins de place à la comédie et à l'humour. Un univers sans nul doute jugé trop sombre par les studios.


ARRIÈRE-PENSÉES DE DERNIÈRE MINUTE  
  • Technologie : Google Glass 10.3, post-its virtuels, consultation juridique holographique, Vero, verrouillage ADN...
  • VALERIE STAHL est la seule chrome de la police. Les autres chromes ne l'aiment pas : est-ce à cause de son désir d'être normale ?
  • MEMBLISS [memory bliss] : la drogue illégale que prend JOHN KENNEX est faite pour qu'on se rappelle de moments heureux. Effets secondaires : paranoïa, palpitations, risque d'anévrisme, perte de conscience et diarrhée.
  • ANNA MOORE était à Rome au moment de l'assassinat du Premier Ministre italien. Elle a mis l'appartement de JOHN sur écoute pour l'INSYNDICATE.
  • Un androïde aussi cool que DORIAN et un technicien aussi génial que RUDY devraient avoir quelque chose à faire.
  • Question spécial Saint-Valentin : JOHN KENNEX est-il le dernier romantique ?

1 commentaire:

  1. Quand je regarde Almost Human j'ai l'impression de voir 2 séries, l'une appartenant presque à la comédie et l'autre plus sombre avec moins d'humour mais avec une mythologie plus présente Personnellement, je préfère cette 2e catégorie à laquelle appartient cet épisode.

    Pourtant, même si je l'ai aimé (j'ai voté bien), j'ai trouvé l'épisode un peu confus et l’intrigue difficile à suivre (je ne suis pas sûr d'avoir compris toute l'histoire...). Par contre, la gestion des personnages est douteuse, RUDY et RICHARD PAUL sont relégués en tant que figurant, DORIAN est moins présent et on ne voit pas plus VALERIE STAHL que dans les autres épisodes alors que ça aurait été l'occasion d'en apprendre un peu plus sur elle.

    PS: Comme tu l'as dis Xeen, la scène d'intro est superbe. D'ailleurs je crois que c'est la 1ère de la série.

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