samedi 25 janvier 2014

Premier bilan avant le retour de la série


ALMOST HUMAN revient dans dix jours sur la chaîne FOX avec un épisode inédit, UNBOUND. Malheureusement, la série risque d'être ensuite confrontée à la concurrence des Jeux Olympiques qui se déroulent du 7 au 23, alors que toutes les autres chaînes ont décidé de mettre leurs séries en pause. Une distinction dont on se serait bien passé car l'audimat s'en ressentira forcément. Pour l'heure, la chaîne n'a pas encore rendu public son calendrier de février, tout reste donc possible.

Comme je l'expliquais dans ce billet, ALMOST HUMAN s'est jusqu'à présent très bien comportée par rapport aux autres séries de la chaîne. Les scores médiocres du pilote de RAKE le 24 janvier dernier (indice 1,7 pour 6,95 millions de téléspectateurs), la dramédie avec GREG KINNEAR, renforcent même encore sa position. Alors, la série résistera-t-elle au tsunami du sport sur canapé ? Rien n'est moins sûr. Car les problèmes majeurs de la série ne viennent pas uniquement de ses résultats d'audience, de toute façon renforcés par la télévision de rattrapage et autres VOD dont la chaîne affirme tenir compte.

Lors de son lancement, J.H. WYMAN avait assuré qu'ALMOST HUMAN, si elle adoptait un format moins sérialisé que FRINGE, ne laisserait pas pour autant tomber la mythologie. Surtout, il avait rappelé que sa préoccupation essentielle était l'aspect humain, les personnages et leurs relations. Après huit épisodes, voilà venu le moment de faire un premier bilan.


L'INTRIGUE

En gros, ALMOST HUMAN est un drama choral qui raconte les aventures d'un cyborg (JOHN KENNEX) et de son équipier androïde (DORIAN) au sein d'un service de police.

Si le pilote donnait vraiment envie, la problématique soulevée par le deuxième épisode, SKIN, se résumait à de bonnes idées jetées en l'air qui ne débouchaient sur aucune réflexion de fond, qu'il s'agisse des androïdes en général ou des sexbots en particulier. Pire, il faisait suspecter la série de vouloir aguicher les téléspectateurs. Ce n'est jamais une bonne idée si on a l'intention de s'adresser à un public intelligent.

La suite, une poignée d'histoires sans grande inventivité, est loin d'être mauvaise. La production reste haut de gamme, la série souvent très drôle, les gadgets du futur intéressants et les épisodes dans leur ensemble se regardent avec plaisir. Il manque cependant quelque chose : une intrigue centrale qui fasse le lien. Exactement ce que voulait JOEL WYMAN.

Une fois de plus, on est face à l'expression du syndrome névrotique d'un network obsédé par le chiffre qui préfère le format "bottle episode" au feuilleton et transforme ce qui avait le potentiel d'une bonne, voire d'une très bonne, série de science fiction en procédural kleenex dont on oublie tout dès le générique de fin. On ne revient pas devant sa télévision la semaine d'après pour voir la suite mais les deux héros se chamailler, source inépuisable de memes et autres gifs. Ce n'est pas si mal, mais c'est insuffisant.

Surtout, --c'est la base de la littérature, on sait bien que les bons n'existent que parce qu'ils combattent le mal. Sans méchant d'envergure, ils n'existent tout simplement pas. S'ils existent, ils manquent de crédibilité. Dès le pilote, on savait sans ambiguïté que l'INSYNDICATE tiendrait ce rôle. Or, on oublie son existence jusqu'au huitième épisode (normal puisqu'il s'agit en fait du deuxième). Comment dans ses conditions s'intéresser à ces enquêtes ultra-classiques dont les méchants n'ont hélas rien de commun avec IRENE ADLER ?

Il faut revenir aux bases du pilote. Qui est derrière l'INSYNDICATE, qui est ANNA, à quoi sert le MUR, d'où viennent les griefs de RICHARD PAUL, quel est le véritable statut de VALERIE STAHL, pourquoi a-t-on renvoyé les DRNs sont autant de questions auxquelles on espérait sinon des réponses du moins un embryon de réponse.


DÉVELOPPEMENT DES PERSONNAGES

Manifestement, les scénaristes se sont laissés dépasser par le talent et la dynamique des comédiens. JOHN KENNEX, qu'interprète KARL URBAN, était censé être le héros de la série comme le prouvaient le nom du comédien en tête de distribution et les premières promos. Très vite, on s'est rendu compte que les producteurs n'avaient pas grand chose à raconter sur le personnage dont le profil finalement assez cliché se résume en quelques mots : impulsif, grincheux, traumatisé. URBAN fait ce qu'il peut avec le matériel qu'on lui donne mais apparemment, l'acteur est ravi de pouvoir jouer autre chose que le mec qui fait la gueule (cette fois sans casque) et il ne s'en prive pas.

Faites entrer DORIAN.

Le personnage de MICHAEL EALY est le seul dont on puisse dire qu'il a eu droit à un développement quelconque. Comme KENNEX n'a pratiquement pas évolué depuis le début, son impact reste limité à ce qu'il fait subir à son partenaire. En revanche, les scénaristes ont donné à DORIAN un nombre considérable d'occasions d'être sur le devant de la scène. Pour commencer, le DRN est un laissé-pour-compte, rejeté autant par les humains que par ses collègues androïdes d'un modèle plus récent. Il est absolument seul au monde puisqu'il est le seul DRN de la police en activité. En outre, ses souvenirs ont été effacés : il n'a aucune idée des raisons pour lesquelles on l'a mis au rencart lui et ses petits camarades. Sa soif d'apprendre est sans limite, il est adorable de bout en bout et son physique parle pour lui. C'est simple, la série repose sur ses épaules. Pas étonnant, si l'on ajoute le talent de son interprète (qui n'aura sans aucun doute jamais d'Emmy), qu'on s'attache à DORIAN.

Après huit épisodes, les personnages secondaires sont toujours au deuxième plan, archétypes d'un théâtre d'ombres chinoises : LA chef, le flic jaloux, la fliquette mignonne et intelligente qui craque pour le cyborg et pour couronner le tout, le scientifique déjanté. Qu'ils soient les faire-valoir de nos héros, c'est une chose, mais pour que ça fonctionne, il faudrait qu'ils aient autre chose à faire que passer dans le champ avec un flingue ou un dossier.


DRAMÉDIE

On l'aura compris, ALMOST HUMAN n'est pas le drama dont avait rêvé WYMAN. La série a manifestement pris ses distances avec son aspect le plus sombre pour verser rapidement dans la comédie. Si le badinage de KENNEX et DORIAN est l'atout majeur de la série (on s'en est fait la réflexion avec YOU ARE HERE dont l'écriture se démarquait considérablement de celle des épisodes précédents), il ne suffit pas.

Il serait bon qu'il y ait un équilibre entre le drame et la comédie. Quelques scènes émouvantes, voire lacrymales ne garantissent pas que la sauce prenne ni à réunir un large public. Les amateurs de séries policières tout comme ceux des sitcoms sont frustrés. Le cœur de la série est la relation de KENNEX et DORIAN. Or les scénaristes se reposent jusqu'à présent sur des dialogues drôles mais sans grand intérêt qui nous empêchent de vraiment nous attacher aux deux personnages dont les rapports restent superficiels.

Pourtant, les enquêtes ne manquent pas d'éléments dramatiques et sérieux, qui peuvent rappeler les épisodes les plus glauques de FRINGE. Les producteurs devront rapidement décider si ALMOST HUMAN est un AMICALEMENT VÔTRE ou un STARSKY ET HUTCH avec un vernis SF ou une vraie série de science fiction. Je ne parle pas de la transformer en série à message, quoique l'occasion est parfaite, mais de ne pas en faire 43 minutes destinées uniquement à remplir les sites de microblogging.



Alors, tout le monde s'accorde à dire que la série a un potentiel énorme. Quand les producteurs, les scénaristes, la FOX vont-ils se décider à l'exploiter ? Le tournage est (presque) terminé, allumer des cierges ou croiser les doigts ne fera pas changer la trajectoire de la série cette saison. Pour autant rien n'est perdu. J'ai encore le secret espoir que la série se rattrapera la saison prochaine.

Sinon, j'aurais déjà laissé tomber ce blog :D


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